Un festival de films de Préhistoire au Pech Merle !!

Après les éditions de 2011, 2012, et 2014 : le festival est revenu en cette année 2024.

Son nom

Du 4 au 6 octobre 2024, notre  Sud-Ouest a accueilli le seul festival qui, en France et dans les pays limitrophes, soit exclusivement  consacré à la Préhistoire. Le lieu : le Centre de Préhistoire du Pech Merle, à quelques mètres des « Chevaux ponctués ». Clémentine BRANDÉIS, Bertrand DEFOIS, et leur équipe nous ont offert une nouvelle aventure de cinéma.

Non : hélas, nous n’avons pas vu Raquel Welch. Mais nous avons constaté que, depuis 50 ans :

 – les postures et tenues des femmes préhistoriques ont évolué au fil des vents dominants ;

 – les postures et tenues des hommes préhistoriques n’ont pas vraiment bougé.

LA SÉLECTION – LE JURY – LES PRIX

18 films avaient été retenus. D’autres n’avaient pas pu l’être car le temps de projection était limité par la durée du festival. Il avait donc fallu faire des choix.

On été surtout écartées des productions dont le corps n’était pas suffisamment centré sur la Préhistoire. Ont surtout été concernés des cas où l’ethnographique l’emportait sur le préhistorique, et d’autres où l’art contemporain l’emportait sur l’art préhistorique.

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Le jury était constitué d’un archéologue spécialiste du film d’archéologie (T. Ben Redjeb), de deux préhistoriens (J.-M. Geneste et G. Pinçon), et d’un journaliste scientifique (P. Lima). Disposer d’un spécialiste du cinéma, béotien en préhistoire, aurait pu apporter un regard différent sur bien des films.

Derrière les organisateurs du festival, les 4 membres du jury encadrent les 5 représentants des films lauréats.

La distribution des prix fut conforme avec ce qui était attendu. Écartées les craintes de choix influencés par : faire plaisir à untel, ne pas déplaire à untel, soutenir ce « pauvre » untel.

S’il y avait eu un « Prix du  ? »

Il aurait pu être attribué à Vertige, la dernière production qui ait été projetée.

S’il y avait eu un « Prix de l’émotion »

Il aurait été attribué à Maryse David, interviewée dans Pech Merle, un siècle d’histoire. Sans oublier, le côté humain des prestations de Ismahein Marzougui dans sa propre production Le tumulus du Mané Lud, ou de Dominique Cliquet, directeur des fouilles de Rozel dans Neandertal, dans les pas d’une autre humanité.

Nous avons vu

Néandertal, 1er artiste de l’humanité

Film de Thibaud Marchand. 52 mn.

Reprise de l’annonce du film.

 Jusqu à présent, l’art serait né il y a 30 000 ans de l’esprit et des mains de notre ancêtre Homo Sapiens. Mais en Touraine, une récente découverte pourrait faire vaciller ces certitudes. Au fond d’une grotte méconnue, La Roche Cotard, des préhistoriens ont identifié de surprenantes gravures qui pourraient bouleverser ce que l’on pensait savoir sur les origines de l’art.

Un beau travail de cadrage et d’éclairage dans la grotte. Une bonne présentation des gravures, ce qui techniquement n’est pas évident. Une démarche scientifique claire : ces gravures sont-elles faites par l’Homme ? De quand datent-elles ?

Des réflexions trop européo-centrées. Une image de Néandertal dépassée, cheveux filasse, mal rasé. Des présentations techniques un peu trop longues.

Sapiens ou la naissance de l’art

Film de Pascal Goblot.70 mn.

Reprise de l’annonce du film.

Longtemps on a cru que les balbutiements de l’art avaient étaient en Europe, il y a 20 000 ans à Lascaux, puis 36 000 ans à Chauvet. De récentes recherches bouleversent cette hypothèse. De plus anciennes peintures ont été datées de près de 45 000 ans à l’autre bout du monde : en Indonésie ! Le film part à la recherche de l’origine dans l’art et montre en quoi l’art est indissociable de Sapiens, de notre humanité.

Le plus : un beau catalogue d’images , en partie toutefois réalisées sur des copies. La présentation est claire, mais souvent adossée à des schémas et des discours simplistes, voire dépassés.

L’autre plus c’est l’Indonésie (Sulawesi), avec quelques images d’un art animalier contemporain du début de notre Paléolithique supérieur.

L’Européo-centrisme est remis en cause. Mais le discours reste prisonnier de cette compétition stérile : la recherche du lieu de « l’origine de l’art » (sic!).

Au bout du compte, un brassage de données de qualités variables, et rien de neuf hormis l’art pariétal de Sulawesi.

Téviec, meurtre au Néolithique

Film de Hubert Béasse. 52 mn.

Reprise de l’annonce du film.

Dans les années 20, un couple d’archéologues découvre un site funéraire mésolithique sur l’île de Téviec (Morbihan). Parmi les squelettes, l’un d’entre eux interpelle la communauté scientifique. Désigné K6, il semble avoir été victime d’un homicide. Au début des années 2000, les squelettes de Téviec suscitent un regain d’intérêt. L’archéologue Grégor Marchand rouvre l’enquête sur le meurtre de K6…

Prix de l’approche originale

Un sujet en or :

 – 2 flèches en silex dans des vertèbres humaines.

 – Des images animées inédites datant des années 1920.

Avec de telles bases : comment ne pas faire un film attrayant ?

Un double enquête qui s’entrecroise : une sur une mise à mort préhistorique, et l’autre sur une ancienne recherche archéologique de terrain.

Le film tient la route scientifiquement. Il a l’intelligence de se clore en laissant l’enquête ouverte.

Pech Merle, un siècle d’histoire

Film de Jacques Tournebize. 60 mn.

Reprise de l’annonce du film.

Le 4 septembre 2022, trois enfants découvrent les peintures de la grotte du Pech Merle (Lot). C’est le début d’une grande aventure qui mobilisera les forces vives du village de Cabrerets pour aménager et ouvrir la grotte au public. Le film retrace l’histoire de ce site si particulier et montre l’évolution de l’approche de la Préhistoire du site au gré des techniques et découvertes.

Très forte émotion avec un personnage central : Maryse David. Un discours sincère, non fabriqué. S’il y a eu une émotion forte, au cours du festival : elle était là. Une des petites histoires de la découverte au prisme d’un regard : celui de la nièce d’une des découvreuse. Celle qui fut un temps oubliée de l’histoire, écartée parce qu’elle était … une fille.

À lui seul, ce témoignage, dispensé au cours du film, mérite qu’on le visionne.

Un important travail de recherche documentaire porte ce film qui présente toutefois quelques longueurs ou digressions inutiles.

Cosquer, Homo sapiens et la mer

Film de Vincent Perazio. 92 mn.

Reprise de l’annonce du film.

L’ouverture au public de la réplique de la grotte Cosquer est un événement. L’inauguration donne l’occasion d’enquêter sur un sujet inédit : les rapports de l’Homme à la mer durant le Paléolithique. Cet angle d’étude avait peu été abordé par les scientifiques jusqu’à il y a une vingtaine d’années. Un paradigme dominant du Paléolithique était celui d’une occupation terrestre de groupes nomades qui tiraient l’essentiel de leur subsistance de l’exploitation des grands ongulés. Mais grâce à des découvertes récentes, cette version est remise en cause aujourd’hui.

Beaucoup de matière scientifique intéressante, portée par des gens sérieux. Tellement de matière que même un amateur éclairé n’enregistre plus. Les 90 minutes auraient peut-être pu être réparties en 3  sujets de 30 minutes.

La grotte Cosquer ; noter que la plupart des images proviennent de la réplique.

La passionnante histoire de la montée des eaux (de mer).

L’utilisation des animaux marins, tant pour la nourriture que dans l’art et la parure.

Jean Guilaine, ou la mer partagée

Film de Marc Azéma. 52 mn.

Reprise de l’annonce du film.

Le documentaire brosse le portrait de cet éminent scientifique, grand spécialiste du Néolithique et de la Préhistoire. Réalisé en plusieurs étapes entre 2002 et 2022, ce film suit le chercheur aux quatre coins de la Méditerranée, sur les traces des premiers paysans de l’humanité. De Chypre à Malte, puis dans le sud de la France, il permet de mieux saisir la quête de ce scientifique, de le suivre dans son quotidien, d’apprécier la compagnie d’un homme humble, attachant, authentique qui a sans cesse revendiqué ses racines languedociennes.

La mer partagée. Un beau titre qui fut aussi celui d’un ouvrage de J. Guilaine. Un hommage rendu à l’homme, plus encore qu’au chercheur. De belles images qui donnent envie de visiter l’archéologie chypriote.

Une composante autobiographique très marquée, peut-être parfois trop accentuée comme avec l’usage du patois, ou l’image de la 4L.

Sapiens l’agriculteur

Film de Charles-Antoine de Rouvre. 52 mn.

Reprise de l’annonce du film.

En quelques milliers d’années, Sapiens va faire de la culture de céréales et de la domestication du bétail la base de son nouveau régime alimentaire. Ce changement brutal a des conséquences majeures sur l’évolution de l’Homme. Depuis 15 ans, de nouvelles fouilles archéologiques, et les progrès des techniques de recherche et d’analyse des fossiles humains, ont permis de mieux saisir ces changements. Les résultats sont étonnants et bouleversent de nombreuses idées reçues.

Un thème important, avec le rapport d’une conséquente étude génétique des populations.

Une passionnante liste d’approches encore trop théoriques sur les impacts de la néolithisation et des modifications alimentaires associées : changement de couleur de peau, assimilation du lactose, modification des mâchoires, changement du langage, …

Une longue quasi digression finale sur les sépultures de Varna en Bulgarie permet d’ajouter quelques belles images.

Préhistorex : Mythologie préhistorique – Le tumulus du Mané Lud

Film de Ismahein Marzougui. 14 mn.

Reprise de l’annonce du film.

Vous êtes-vous déjà demandés comment interpréter des gravures néolithiques ? Aujourd’hui on se rend au Mané Lud à Locmariaquer pour visiter un monument mégalithique riche en gravures. En 2005, une grande étude a été menée par Serge Cassen et son équipe pour tenter de décoder ces signaux venus de la Préhistoire. Quelles sont les méthodes utilisées par les archéologues pour essayer de répondre à ces questions ? C’est ce que nous verrons dans ce documentaire.

Mention du film court

Un film à compte d’auteur réalisé sur le principe de l’auto-interview.

Dans les premières secondes, on craint une déception. Mais à tort.

Un sentiment de grande fraicheur. La réalisatrice ne se raconte pas : elle raconte le site, le tumulus. Pourtant l’approche à la 1ère personne est dominante ; mais c’est pour inviter à l’accompagner, à la suivre, voire même parfois à prendre les devants.

Une volonté de partager, d’offrir un regard, d’offrir une passion, d’offrir des questions. Pas d’étalage de vérités, de convictions.

On sait la difficulté de lecture des gravures dans ces monuments mégalithiques. Toutefois, leur lecture directe aurait mérité un  travail d’éclairage plus recherché.

Thorin, le dernier Néandertalien

En avant-première

Film de Pascal Cuissot. 52 mn.

Reprise de l’annonce du film.

Dans la vallée du Rhône, la Grotte Mandrin livre de nombreux fossiles et silex qui révèlent que des Néandertaliens ont occupé la grotte pendant plus de 80 000 ans, avant l’arrivée des premiers Homo Sapiens, puis suggérent une rencontre entre les deux espèces. Un Néandertalien mis au jour est baptisé Thorin. Il appartient à une des dernières lignées néandertaliennes. Avec cette découverte, l’archéologue Ludovic Slimak révise le scénario de l’extinction de Néandertal et de son remplacement par Sapiens.

Prix de la médiation scientifique

Un film assez froid, avec trop de scènes artificielles, reconstruites pour le film. Une sérieuse présentation des outils scientifiques utilisés.

Un exemple d’archéologie expérimentale et de son utilisation concrète autour de problématiques du site : l’utilisation de l’arc serait presque 3 fois plus ancienne que généralement admis.

Puis une démarche d’archéologue que le film restreint presque à 2 outils : la datation par le C14 et les filiations par l’ADN. Et associées à cela, 2 questions qui priment à la grotte Mandrin :

– La contemporanéité et l’imbrication à la grotte Mandrin de Sapiens et de Néandertal.

 – L’identification d’un « groupe » néandertalien à la grotte Mandrin et à Gibraltar qui serait sans lien direct avec tous les autres néandertaliens connus.

Ensuite, quand on a réussi à suivre 20 minutes de présentation des modalités pratiques d’analyse du C14 et de l’ADN, on a soudain l’impression d’une bouffée d’air : enfin un cas où les archéologues disent aux généticiens : vos théories ne sont pas compatibles avec les faits (sic!) archéologiques ; nous primons ; vous devez revoir les conclusions de votre copie.

On en revient alors à s’interroger sur l’impact que la chasse au sensationnel peut avoir sur la rigueur de la recherche. Le titre peut aider à la notoriété mais pas à la crédibilité : le mot « dernier » n’a aucun sens, voire pire. Il en est de même de la référence au côté international de l’équipe : en quoi serait-ce un gage de sérieux.

Cerise sur ce gâteau : ARTE titre sa promotion : Le plus grand mystère de la préhistoire.

Terra Amata : Nice il y a 400 000 ans

Film de Philippe Afchain. 7 mn.

Reprise de l’annonce du film.

Le site préhistorique de Terra Amata se trouve à Nice, dans le sud de la France. Il a livré, en 1996, les vestiges des premiers niçois, datés de 400 000 ans. Ce film se propose de nous présenter leur vie en images de synthèse.

Un film qui relève clairement d’une commande : thème imposé, type d’outil numérique imposé, durée imposée, clientèle spécifique explicitement ciblée.

Ce film est un complément intégré dans une muséographie. Bien qu’arrivé en second lieu, ce complément a dû « voler le 1er rôle » aux autres composantes de la muséographie.

Noter que même si elles sont souvent agréablement chargées d’humour, les tenues et attitudes des personnages laissent scientifiquement à désirer.

Cette version est différente (plus soft) de celle qui nous a été projetée.

Néandertal, dans les pas d’une autre humanité

Film de David Geoffroy. 52 mn.

Reprise de l’annonce du film.

Menacé par l’érosion marine dont le réchauffement climatique accélère inexorablement les ravages, le site du Rozel, en Normandie, livre des vestiges rarissimes de la vie quotidienne de groupes néandertaliens ayant occupé ce point remarquable du littoral, il y a environ 80 000 ans. Parmi ces fragiles vestiges, environ 3000 empreintes de pieds sont mises au jour par les archéologues : la plus grande collection au monde d’empreintes préhistoriques.

Prix de l’approche originale

La présentation du site de Rozel est agréable. Les interventions du responsable des recherches offrent une appréciable dimension humaine.

Les empreintes de pas et d’autres activités néandertaliennes sont conservées dans les sables et argiles du bord de mer du Cotentin. Les empreintes filmées sont de lecture très difficile. Sur les images, on ne distingue que de simples enfoncements. Dans la plupart des cas, ce n’est pas dû à la qualité des prises de vues mais à la réalité de la trace conservée.

On fait même un petit tour par l’île de Jersey qui nous révèle des structures méconnues faites en os de mammouth.

En conclusion, un film bien positif, qui laisse entrevoir un beau programme de futures découvertes.

Et cela bien que le site soit sous la menace bien réelle de la violence quotidienne de la mer et de la hausse de son niveau.

Les derniers secrets de l’humanité

Film de Jacques Malaterre. 90 mn.

Reprise de l’annonce du film.

20 ans après le succès planétaire de « l’Odyssée de l’Espèce », Yves Coppens et Jacques Malaterre ont écrit ce deuxième opus. Pour ce film, ils mettent à jour et à la portée de tous les publics les plus récentes découvertes scientifiques sur l’origine de l’homme. Une fresque sur plus d’un million d’années à travers de fantastiques paysages, des frontières de la Mongolie jusqu’aux confins de la Chine tropicale, d’Homo erectus à Homo Sapiens … La découverte du feu, de l’art, de l’amour…

C’était la « grande production » du festival. Un docu-fiction autour de l’évolution humaine.

Pour une fois, l’européo-centrisme disparaît. Le discours, construit en Asie orientale, s’applique aussi à nous.

Un des rares films qui ne met pas la survie au cœur des préoccupations quotidiennes des Hommes préhistoriques. Leurs passions portent leurs gestes.

Un film qui met en force la femme paléolithique à la même place que l’homme ; à tort ou à raison ? …

Une illustration du langage préhistorique qui peut être sujette à discussion, mais qui n’est pas pire que ce qu’on voit (entend) souvent.

Même si le traitement des dents d’Homo Erectus est surprenant, on a évité ces 500 000 ans d’histoire de belles dents blanchies au dentifrice du matin.

Toutefois, la présentation des vêtements (et chaussures) paléolithiques reste encore à améliorer. Par exemple, les fourrures tournées vers l’extérieur, à la mode des défilés de mode du 20ème siècle sont irrecevables, tout comme les Homo Sapiens en jupettes et jambes nues, courant dans la neige et la glace.

Et certaines scènes comme la rencontre entre Homo Sapiens et l’Homme de Flores sont totalement irréalistes si elles sont prises au 1er degré, ce qui est le cas pour la majorité des spectateurs.

Dans ce type de festival, ce type de production est parfois porteur d’a priori négatifs. Le titre paraît « trop travaillé pour être honnête ». Pourtant, sur la qualité scientifique du contenu, ce film n’était pas pire que d’autres ; il est même en progrès comparé aux grandes productions précédentes. Et malgré ses 90 minutes, et même si beaucoup de spectateurs en viennent à mélanger Erectus et Sapiens, l’ennui n’était pas au rendez-vous.

Tautavel, vivre en Europe avant Néandertal

En avant-première

Film de Emma Baus. 90 mn.

Reprise de l’annonce du film.

Bien avant l’arrivée d’Homo sapiens et même de Néandertal, d’autres humains ont habité notre territoire pendant d’intenses périodes de glaciation. Un lieu en particulier a été le témoin de leur passage : la grotte de Tautavel en France, au pied de la chaine pyrénéenne. Comment ces anciens humains ont-ils survécu dans un environnement si rude ? En s’appuyant sur les dernières découvertes scientifiques, le film change le regard porté sur ces lointains ancêtres dont les capacités cognitives ne cessent de nous surprendre.

Grand prix du jury

Cette vision de l’Homo d’avant Néandertal en fait des êtres humains. Ils ne sont pas montrés dans leurs activités « techniques » quotidiennes. Ils ne sont pas en train d’observer ce qui se passe à un endroit donné. ils sont tous là, adultes et enfants, et ils regardent le monde qui les entoure.

Un film sérieux, et de plus un film scientifique.

La genèse du langage, le cannibalisme, la gestion sociale du handicap, le lancer du javelot, et même l’hibernation. Nous sommes attirés vers des sujets passionnants, aujourd’hui tout juste effleurés par la recherche.

Un film trop long. 90 minutes. Trop dense. Trop de savoir. On perd pied.

Les longs passages du film présentant Atapuerca en Espagne, site contemporain de Tautavel, auraient pu à eux seuls être l’objet d’un film.

Il faut relever la gestion intéressante de l’apparence des personnages. Des ombres translucides au contour blanc.

De l’exploration spéléologique à la découverte de la grotte Chauvet

En avant-première

Film de Eliette Brunel. 33 mn.

Reprise de l’annonce du film.

Spéléologues passionnés, E. Brunel, J.-M. Chauvet et C. Hillaire explorent le monde souterrain depuis les années 70. En décembre 1994, la désobstruction d’un étroit boyau conduit dans une grande cavité qu’ils nommeront Grotte Chauvet. Dans ce film, Eliette Brunel convie le spectateur à vivre la découverte de ce fabuleux sanctuaire paléolithique en proposant de suivre la progression des spéléologues dans la grotte ornée ardéchoise.

L’objectif de faire partager l’émotion d’une magnifique découverte est tout à fait louable. L’insérer dans une vie de passions l’est tout autant.

Mais redoutable était le challenge de vouloir amalgamer l’expression de ces émotions, avec des bribes de l’histoire individuelle de 3 personnes, et avec la petite histoire d’une découverte.

Et presque illusoire était la tentative de transférer ces émotions individuelles en émotion collective, de 3 personnes en l’occurrence.

Les survols, et aller-retours appuyés sur les très belles images de J.M. Chauvet,  méritent, à eux seuls, de regarder le film.

Plus gênant scientifiquement est la présentation de la découverte « d’Art en creux ». Il ne s’agit pas là d’une expression imagée offerte aux poètes ou philosophes de l’art. Il s’agit, au seul premier degré, de roches qui auraient été sculptées en les creusant. Ce constat n’emporte pas l’adhésion de la communauté scientifique.

Carnet de fouilles : la fouille d’Aurignac

Film de Stephane Kowalczyk et Théophile Laylavergne. 32 mn.

Reprise de l’annonce du film.

Aurignac est un site archéologique éponyme. Il a donné son nom à la culture aurignacienne. Carnets de fouilles a filmé les fouilles 2022 menées par Lars Anderson et Mathieu Lejay. Elles clôturent un cycle de recherche qui débuta au 19è siècle. Ce site majeur pour l’histoire de la Préhistoire nous livre-t-il de nouvelles informations exploitables par l’archéologie contemporaine ?

Sur la forme : interviews classiques des 2 responsables de fouille, incluant une approche assez superficielle des méthodes utilisées.

Sur le fond : Aucune aberration scientifique. Le discours est clôt par un constat scientifique : « il n’y a plus rien à tirer de ce site majeur, hormis des données historiographiques ». Soit ; on croit sur parole, mais ce constat n’est pas expliqué. Et le site d’Aurignac a-t-il été majeur autrement que par la petite histoire de son nom ?

Cosquer : des origines à la surface

Film de Jean-Claude Flaccomio. 52 mn.

Reprise de l’annonce du film.

Il y a 30 ans, le plongeur Henri Cosquer découvrait une grotte ornée dont l’accès est aujourd’hui immergé. Aux côtés des préhistoriens en charge de l’étude, tentons de cerner les mystères des premiers chasseurs-cueilleurs du territoire. Mais auront nous assez de temps pour étudier ce site exceptionnel ? Au cœur de Marseille, une « réplique » de la grotte vient d’ouvrir pour restituer au public la connaissances d’un site fragile, menacé par la montée des eaux.

Cosquer : la grotte ornée dite sous la mer.

L’historique de la découverte de la grotte a su contourner en douceur les vérités officielles.

On peut remercier les scénaristes d’avoir ramené au premier plan les premiers chercheurs, J. Courtin et J. Clottes, qui avaient été peu élégamment écartés du site.

Injustifiée, s’est avérée la crainte de se trouver en présence d’un outil de promotion de « la réplique », à la fois « machin » et machine supposés fournir des ersatz de rêves.

On a bénéficié de quelques belles images de la grotte, et d’interviews suffisamment courtes et recentrées sur l’essentiel.

Parmi celles ci, un rappel des lourdes menaces à court terme que la montée du niveau de la mer fait peser sur les dessins préhistoriques.

On a parfois de bonnes surprises.

Tocas des origines

Film d’animation de Pascale Binant. 4 mn.

Reprise de l’annonce du film.

Dans le Nordeste du Brésil, les peintures rupestres abondent dans les abris sous-roche, appelés « tocas ». Elles témoignent d’une mémoire oubliée et nous racontent des histoires muettes. Mais lesquelles ? Que disent-elles ? Nous ne le saurons jamais. Elles n’en font pas moins vibrer les cordes de notre imaginaire.

Quelques minutes de relevés de pétroglyphes du Brésil, animés de mouvements où domine la chute. Un travail d’auteur original.

Vertige

En avant-première

Film d’animation de Léon François. 3 mn.

Reprise de l’annonce du film.

André, jeune explorateur, s’enfonce dans les entrailles de la grotte du Pech Merle. Par inadvertance, il glisse et chute dans les profondeurs de la caverne. Parcourant la cavité, il découvre un homme préhistorique entrain de dessiner sur une paroi. Alors qu’il s’approche, André est aspiré par cette dernière. Les dessins de la fresque prennent vie…

3 minutes d’un jeu graphique dynamique. Mais qu’y a-t-il au-delà de jeu graphique ? Des esquisses de discours poétiques peut-être un peu trop hermétiques ? Ou ne s’agit-il que d’une animation esthétique de traits et de couleurs ?

Quoi qu’il en soit, on retrouve les oiseaux et les pages de Folon volant dans la grotte du Pech Merle. On perçoit une certaine légèreté, et des envies d’envol.

Une mise en bouche : The flying elephants

En ouverture, on nous a offert « The Flying Elephants », curieusement traduit de l’anglais par « L’Âge de pierre ». La version restaurée d’un film muet réalisé il y a 100 ans, avec Laurel et Hardy. Accueil réussi, avec beaucoup de rires dans la salle.

Une version plus brute, et sans incrustation de fond sonore, est, elle aussi, accessible. Très « nature », elle est beaucoup moins adaptée à nos regards d’aujourd’hui, et serait presque indigeste pour certains.

En clôture : Le dernier passage

Film virtuel de J.-M. Geneste et P. Magontier.

Un long plan-séquence filmé avec une caméra subjective offre une dense vision de la grotte Chauvet.

Rédaction Y. Le Guillou

2011 – Tintin et la lanterne magique

2012 – Les chevaux font leur cinéma

2014 – Autant en emporte le vent

2024 – Contre vents et marées : Retour vers le futur

2026 – ? ? ?

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