Publication récente
Gavrinis, autour du gouffre. À la recherche des représentations d’une tombe à couloir néolithique (Larmor-Baden, Morbihan)
Il est difficile d’avoir un avis sur un ouvrage qu’on n’a pas lu ; et hasardeux d’en assurer la promotion.
Alors comment faire ? :
Regarder le nom du directeur de publication : Serge Cassen.
Serge Cassen, devant la reconstruction d’un pan du tumulus de Gavrinis.
Serge Cassen
Un regard original, une image forte dans l’étude et dans la connaissance du mégalithisme armoricain.
Un regard qui, sans être à contre-courant, n’est pas soumis au cours du flot.
Un préhistorien qui met le rêve, la poésie, le beau, au cœur de la transmission du savoir ; au cœur du processus de la recherche scientifique.
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De la qualité en tout. De l’innovation, voire de l’originalité dans la forme : un cahier à spirale à pages cartonnées.
Des dessins et photos clairement agencés. Des cartographies qui en font un atlas.
Une masse de travail impressionnante. Ce, pour le cadeau qu’est ce livre. Mais aussi et surtout parce que cet ouvrage, brillamment cent fois remis sur le métier, nous permet de sortir du : « Carnac ? : un impressionnant alignement néolithique de pierres dressées … dont on ne sait rien d’autre ».
C’est la publication scientifique de référence pour Carnac et les proches sites néolithiques.
Gavrinis, autour du gouffre
Plusieurs chapitres vont rendre compte des principaux résultats, fruits d’une longue exploration (2009-2021). Ainsi, l’historiographie du site éclaircit certains problèmes tandis que d’autres problématiques surgissent de certaines idées reçues. L’architecture du monument était en partie connue, mais reste encore hypothétique tant que de nouvelles fouilles n’auront pas ouvert le corps du cairn. En restituant ses grandes lignes structurantes, une autre image du tumulus est proposée à l’appréciation du lecteur. Un programme d’expérimentation, sur différents types de matériaux, permet ensuite de tester plusieurs morphologies d’outils, d’analyser la morphologie des enlèvements dans la pierre, et d’apprécier la durée des processus de préparation des supports et d’exécution des programmes iconographiques. L’origine géologique de ces supports autorise d’ailleurs la cartographie interne des roches sollicitées (leucogranite, orthogneiss, migmatite, quartz, grès) révélant la diversité des sources dans un rayon de 10 km. Les colorations et les altérations chromatiques, observées en surface des orthostates, ont aussi fait l’objet d’analyses scientifiques diverses, toutes en mesure de décrire les désordres au sein du monument, surtout depuis son ouverture au public. Mais c’est l’inventaire descriptif de chaque bloc gravé qui occupe le corps volumineux de l’ouvrage, tous ces monolithes formant la structure interne du monument (parois, sols et plafonds de la chambre et du couloir). On essaie de décrire, représenter et interpréter ces dalles selon une méthode commune, graphique et rédactionnelle. Partant de cette dense base informationnelle, les données considérées comme les plus pertinentes sont réunies pour effectuer la reprise descriptive de quatorze familles de motifs (formes géométriques, objets, animaux).
Un chapitre conclusif est proposé en deux temps. Le premier s’attache à relever la part de l’intuition et de l’analyse dans l’interprétation et la traduction publique des signes gravés néolithiques. Le second rassemble les résultats principaux ayant permis de mieux qualifier Gavrinis en tant que structure monumentale, de mieux dater la gravure des supports en regard de la construction de l’édifice, en proposant pour finir une interprétation générale du « style » de Gavrinis.
Gavrinis
Monument en péril
OUI
Ici, la menace factuelle qui pèse sur le monument en son état actuel (déjà bien modifié par un siècle de restaurations et mises en valeur) est claire : les modalités de fréquentation.
C’est l’intérieur du monument qui est en danger.
Gavrinis
Un site majeur. De loin le plus riche et le plus complexe des sites mégalithiques ornés de France.
Je mesure 1,50 m : ça va : je frôle mais ne me cogne pas. Mais quand on est 15 profanes à se croiser (≈ 80 cm de large) dans ce bas couloir …
Des groupes envoyés dans la tombe, sans aucun autre contrôle que quelques sérieux conseils avant d’entrer.
Les gens appuyés des 2 mains, une contre chaque paroi, frottant sur les gravures pour s’aider à se guider.
Sans compter les : « j’ai envie de faire pipi » … « mais va là bas, y’a un coin caché ».
Les visiteurs qui pénètrent dans le couloir et dans la chambre ne savent que regarder ; et en tout état de cause ne voient rien ou bien peu de ce qui pourrait accrocher leur mémoire et leur intérêt.
Les médiateurs savent combien de visiteurs se passionnent pour ce qui leur est raconté. Ils les voient s’assoir sur les bancs et murettes, ou regarder la mer pendant qu’ils parlent.
Une option de solution toute simple ?
Les magnifiques paysages, l’agréable balade en bateau, la visite commentée des extérieurs : oui.
La visite du couloir et de la chambre : un supplément avec réservation : groupes de 4 personnes maximum, avec un guide/médiateur/surveillant.
Et faire vite … !
Un classement Patrimoine de l’Humanité le mériterait.
Rédaction Y. Le Guillou
L’association « Préhistoire du Sud-Ouest » est entièrement
indépendante de la Mairie de Cabrerets. Nous remercions la commune, ses
élus, et la direction du centre du Pech Merle de leur soutien sans
faille.