EXPOSITION – Préhistoire(s) du MAAP – De Laugerie-Basse au Regourdou
Au Musée d’Art et d’Archéologie, 22 Cours Tourny à Périgueux (24)
Du 28 juin 2024 au 3 mars 2025
Salle de l’exposition temporaire – Vitrine n° 3
L’abri Raymonden à Chancelade (24)
Tout comme pour le site de Laugerie-Basse, le MAAP dispose concernant l’abri Raymonden de nombreuses pièces de qualité muséographique, en particulier d’intéressantes œuvres d’art.
L’Homme de Chancelade
Reconstitution présentée dans l’Exposition Permanente du MAAP
Le squelette d’un adulte magdalénien de sexe masculin a été découvert en 1888 par M. Hardy et M. Féaux. Sa position en décubitus latéral gauche qui semble forcée a, dès la découverte, interrogé les inventeurs sur l’origine de cette attitude contrainte. L’espace restreint occupé par le corps peut orienter vers une contention des membres inférieurs, mais l’hypercontraction observée peut aussi provenir d’un colmatage différé du volume des parties molles provoquant la fermeture des angles intersegmentaires. Cet homme présentait une luxation de l’épaule droite, une fracture temporo-pariétale droite avec enfoncement, une cervicarthrose et un hallux-valgus bi-latéral. Une coloration rouge des ossements correspond à un dépôt d’ocre. Les découvreurs n’ont pas fait de lien entre les objets (fragments de sagaies et outils en silex) situés à proximité du squelette, et l’éventualité d’un mobilier d’accompagnement funéraire.
Quelques unes des pièces originales à voir dans l’exposition.
Reste de rondelle en os perforée. N’y aurait-il pas eu réutilisation de l’objet et dessin du mammouth après le bris de la rondelle ?
Bâton percé. Ce serait une tête de carnivore, l’interprétation aurait été : animal qui chasse ou pêche un poisson. Mais c’est une tête d’herbivore. Le poisson s’est donc transformé en feuille. Pourquoi avons-nous ce besoin de rechercher des scènes réalistes ?
Fragment d’os densément orné. Dans un sens : deux bouquetins, le premier ayant les pattes repliées et la corne d’un mâle. Dans l’autre sens : deux têtes de jeunes bouquetins et, peut-être, un « oiseau ».
Deux jeunes bouquetins à l’envers dans le ventre d’un bouquetin mâle adulte. Difficile d’y lire une scène réaliste.
Une pièce majeure, qui peut-être devrait nous rester à l’esprit quand on tente de lire l’art paléolithique.
Ce fragment de pendeloque est une des rares pièces de de l’art paléolithique où se mêlent symbolisme, représentations figuratives réalistes, thèmes schématisés. S’y ajoute une ornementation structurée occupant tout l’espace. On est ainsi en présence d’une composante esthétique qui intègre les volumes de l’objet et inclut des caractères de symétrie. Cette symétrie est tellement marquée qu’on peut envisager que la disposition relative des divers éléments présents soit le résultat d’une recherche esthétique bien plus qu’une disposition porteuse de sens.
Alors faut-il interpréter ? Oui, mais attention. Ne pas trop restreindre l’art à la zoométrie ou à l’anthropométrie.
Arête de poisson, tronc de conifère, colonne vertébrale du bison, … ? ; pattes de cheval, pattes du bison ?
Et les humains : homme, femme, en défilé, en assemblée, … ?
Les défilés ou parterres de personnages sont très rares. Les dits personnages nous paraissent similaires les uns aux autres ; ils ne semblent pas individualisés. Y a-t-il indication d’un groupe, sans que le nombre exact ait le moindre sens ?
Quoiqu’il en soit : on ne connaît pas d’autre pièce comparable. Cette absence de répétitivité invite à écarter la représentation d’un mythe et à s’orienter vers un descriptif événementiel construit autour de regroupements de symboles, et d’éléments réalistes. Ce, sous réserve qu’un lien porteur de sens associe les divers motifs.
Deux os magdaléniens de la grotte de La Vache (Ariège). Ci-dessus : bâton percé dit « scène de chasse à l’aurochs ». Ci-dessous : défilé d’êtres humains sur un os d’oiseau dit « scène d’initiation » … à moins que ce ne soit un parterre de vautours sur un os de vautour(?).
Rédaction Y. Le Guillou. Les données anthropologiques ont été synthétisées par M. Escolà sur la base des écrits de G. Delluc (2011) et H. Duday (1985).
L’association « Préhistoire du Sud-Ouest » est entièrement indépendante de la Mairie de Cabrerets. Nous remercions la commune, ses élus, et la direction du centre du Pech Merle de leur soutien sans faille.