Samedi 26 octobre 2024 à 18h30

au Musée du Pech-Merle

Conférence de Patrick et Elena PAILLET

Elena Paillet est une paléolithicienne reconnue. Patrick Paillet dirige l’étude de la grotte de Font-de-Gaume. Rattaché au Museum National d’Histoire Naturelle, il a porté une belle dynamique universitaire d’enseignement de l’art pariétal, et mis sur les rails une nouvelle génération de chercheurs.

Grotte ornée de Font-de-Gaume.
Nouvelles recherches.

Font-de-Gaume : une grotte ornée il y a environ 15 000 ans de nombreuses gravures et peintures polychromes.

La notoriété préhistorique des Eyzies-de-Tayac date d’avant la découverte de Font-de-Gaume en 1901. Mais c’est cette grotte qui a offert à cette petite bourgade cet indispensable complément à l’intérêt touristique qu’est la présence d’une belle grotte ornée, qui plus est ouverte au public.

Patrick Paillet à Font-de-Gaume

Font-de-Gaume : un des géants de l’art pariétal comme disait H. Breuil : oui, sans aucune ambiguïté. Mais avec une grande faiblesse : la conservation est de qualité moyenne : pour des raisons naturelles, Font-de-Gaume a mal vieilli depuis 15 000 ans. De belles photos, de qualité esthétique grand public, y sont difficiles et doivent souvent être retravaillées. Les magnifiques œuvres polychromes doivent être déchiffrées.

L’étude globale de l’art de Font-de-Gaume était restée en pause depuis les travaux de H. Breuil en 1903 et leur publication en 1910. Alors oui : Font-de-Gaume mérite un grand lifting des inventaires pariétaux et des analyses afférentes. P. Paillet s’est engagé dans cette voie difficile. Il nous montrera certainement de belles photos récentes.

Publications monographiques de l’art pariétal paléolithique

En 1910, pour la grotte de Font-de-Gaume, H. Breuil a apporté son nom, sa notoriété naissante, et ses compétences à la première publication monographique de l’art pariétal d’un site. Il pose là une sorte de modèle-source pour l’étude et la publication d’une grotte ornée.

Cette tendance perdure aujourd’hui à travers ces publications grand format, de type monographique, réalisées par des spécialistes, qui tentent d’associer à travers les plus belles illustrations possibles, la rigueur de l’étude, la diffusion au grand public, l’apport de données scientifiques à la communauté. 

Exemples récents proches de Fond-de-Gaume :

Cussac (J. Jaubert) – Lascaux (N. Aujoulat) – Rouffignac (J. Plassard)

Des heures d’observations minutieuses des parois ont permis de découvrir de fines gravures inédites.

Ici, P. Paillet a reporté son relevé sur la photo de cette concrétion malheureusement brisée aux temps modernes.

Trois clichés successifs :

Comment révéler et analyser un dessin originel à partir de quelques restes de pigment rouge.

1 – La vue à l’œil nu.

2 – Le traitement avec DStretch.

3 – Le relevé de P. Paillet basé sur ce traitement et sur des données géo-morphologiques de la paroi.

DStretch

Un système classique de traitement et de renforcement de couleurs
associé à des programmes de sélection automatisés qui en ont simplifié l’utilisation. L’utilisateur peut ainsi aisément choisir entre quelques options adaptées à l’art pariétal au lieu d’errer des heures durant entre des milliers de possibilités de traitement des couleurs.
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Mais attention. DStretch n’est qu’une Intelligence Artificielle. Il travaille sur les teintes sans prendre en compte leur source. Il va donc amalgamer les apports paléolithiques, les teintes naturelles du support rocheux et des suintements, et parfois des organismes vivants (algues, …).

Jon Harman

La communauté se doit de porter des remerciements appuyés à J. Harman qui a gracieusement mis à disposition de tous ce logiciel qu’il a conçu.

Font-de-Gaume hier

Alors, en l’absence de belles photos et dans l’attente de la publication des études en cours dirigées par P. Paillet : contentons nous de ce qu’en montre H. Breuil, à travers ses dessins.

Peut-on oublier les relevés de H. Breuil ?

S’il est une grotte où ses relevés s’inscrivent dans l’histoire : c’est bien Font-de-Gaume. En couleur comme en noir et blanc.

Et c’est une histoire qui va au-delà de l’histoire de la recherche en préhistoire.

La symbiose qui s’établit entre H. Breuil et l’artiste paléolithique est pour l’heure unique. Cette symbiose a produit des œuvres qui auraient leur place dans un musée. Un extraordinaire mélange de canons magdaléniens et de canons avant-gardistes du début du 20ème siècle. H. Breuil est bien loin du dessin préhistorique, et pourtant si proche de lui.

Les préhistoriens de cette époque, et beaucoup de leurs successeurs, vont s’appuyer sur ces relevés pour porter leurs regards et réflexions. Relevés oui : parce qu’ils sont voulus comme tels, et parce qu’ils transmettent des informations sur les œuvres originales et sur leurs auteurs. La précision adéquate d’un relevé est d’être en phase avec les questionnements qui sous-tendent sa réalisation. Le relevé en art préhistorique peut être un outil technique d’analyse de l’œuvre. Mais c’est aussi un outil de sélection de regards et de données sur les œuvres, et de transmission de ces regards. H. Breuil a réussi cette transmission, vers le grand public, vers le monde de l’art, et vers les chercheurs.

Qui parmi nous s’est initié à Font-de-Gaume autrement que porté par l’imaginaire suscité par ces œuvres de H. Breuil ?

Quelqu’un saurait-il lire sur les lèvres, et retranscrire les paroles de H. Breuil présentant ses relevés pendant quelques secondes d’images muettes animées qui datent des années 1920 ?

Rédaction Y. Le Guillou.

Préhistoire du Sud-Ouest

Musée du Pech-Merle

46330 – CABRERETS

prehistoiredusudouest@gmail.com

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