Retour de conférence

Journée départementale de l'archéologie de la Dordogne organisée par le PIP, le CD 24, et le SRA Aquitaine, le 1 décembre 2024 aux Eyzies-de-Tayac.

Bravo à tous ces organisateurs pour une journée réussie, tant sur le fond et la qualité des interventions, que pour le cadre et l’accueil.

Et remerciements à Catherine Roudet qui est clairement apparue comme la cheville ouvrière de la journée.

À midi, un plateau repas offert a nourri les participants qui s’étaient inscrits à l’avance. Et la configuration des lieux a permis de nombreuses discussions à bâtons rompus.

Bravo pour le principe de la journée thématique. Il y avait environ 200 personnes, donc tout autant de passionnés. Le choix du thème « Les grottes ornées » n’y est pas pour rien.

La grotte ornée de Commarque (24) : étude multi-échelle d'un art pariétal en bas-relief du Paléolithique

Conférence / présentation par Olivier HUARD et Catherine FERRIER

On a regretté l’absence excusée de O. Fuentes, directeur de cette étude en cours depuis maintenant 10 ans.
 

On a une présentation un peu réductrice de ce que serait un bas-relief comparé à un haut-relief. Et il a manqué l’explication de la différence retenue, dans le cas présent, entre le terme de gravure et celui de bas-relief. Cela aurait été adapté à la grotte de Commarque, En effet, il nous a été indiqué que la grotte contenait de nombreux bas-reliefs paléolithiques, mais qu’ils étaient mal identifiés, méconnus ou oubliés. Une raison majeure en serait leur « mise en concurrence » avec les magnifiques et très proches abris sculptés : le Cap-Blanc, encore en place, et Laussel, aujourd’hui naturellement démantelé.

On nous a fait part de la découverte d’objets fichés, sans toutefois préciser de quel type d’objets il s’agit, ainsi que des éléments permettant d’affirmer leur ancienneté.

C. Ferrier nous a présenté les premiers résultats de ses recherches sur le comblement post glaciaire du vallon de la Beune : géomorphologie, mesures géophysiques, carottages. Et une conclusion intéressante : au Magdalénien, la grotte de Commarque n’était pas une cavité de fond de vallée, mais une ouverture sur une pente de coteau ou en falaise. Elle espère des financements, afin d’étendre ses constats à l’ensemble du vallon.

Études des états de surface des parois ornées
Travaux essentiels dirigés par C. Ferrier
C’est peut-être, en termes d’outil d’étude, le point le plus important présenté durant la journée.

Sur et autour d’un cheval, situé en paroi droite, et proche de l’entrée, C. Ferrier nous a exposé l’étude, en chronologie fine, de l’évolution des états de surface des parois, incluant les œuvres.

Son travail semblait tenter d’intégrer des érosions, des changements de structure, concernant à la fois les parois, les incisions anthropiques paléolithiques et modernes, et des traces noires charbonneuses.

Pour cela elle établit des cartographies détaillées incluant plusieurs paramètres des états de surface présents.

Ce type d’étude en est à ses tout débuts. Pourtant il est essentiel.

C. Ferrier l’a impulsé à la grotte Chauvet, avec des résultats. Elle le poursuit ici, à la grotte de Commarque, et sur quelques autres sites.

Études indispensables pour la conservation

Conservation : ne pas confondre les causes et les mécanismes des dégradations.

50 ans durant, les recherches et interventions en matière de conservation des grottes ornées ont eu tendance à se focaliser sur une des causes majeures des dégradations potentielles : l’évolution du climat souterrain.

Elles en ont presque oublié (pas toujours : Lascaux a fait exception) l’étude des phénomènes physiques, chimiques, bio-chimiques qui affectent les surfaces des parois ornées.

On explique mal ce qui se passe au niveau de la paroi, à l’interface air/paroi, à l’interface air/peinture, à l’interface peinture/paroi.

   – À la grotte de La Vache (09), on n’a pas su comprendre comment des peintures protohistoriques ont pu disparaître en quelques décennies.
   – À la grotte de Labastide (65), on est dans un cadre climatique où les peintures paléolithiques n’auraient jamais dû pouvoir se conserver sur d’aussi longues durées, pourtant elles sont là.
   – À la grotte du Pech Merle (46), on ne comprend pas comment les parois ornées ont pu résister à la violence de certains impacts liés à l’activité touristique. Pourtant il n’en est rien, ou du moins rien de visible, d’identifié, et ce depuis des décennies.
   – Et la liste est longue, incluant même le site majeur du moment : la grotte Chauvet. Personne ne sait, ni n’a même étudié, dans cette grotte, quel est l’impact, sur les parois et les dessins, des 30 années de fréquentation que la collectivité va fêter dans quelques jours.

Études utiles pour la recherche archéologique

Ce travail aide à « retrouver » les états des parois sur lesquelles l’Homme paléolithique a travaillé.

Il permet d’identifier des espaces où les dessins ont probablement disparu et ceux qui n’ont jamais été ornés.

Ces études devraient être assez systématiques, surtout dans des cavités, comme Commarque et bien d’autres, qui ont souffert des « outrages du temps ».

 
Manque de chercheurs
 

C. Ferrier n’est pas totalement isolée dans ce domaine de recherche fondamental. Quelques rares autres intervenants se sont investis. Mais leur nombre est loin d’être satisfaisant, voire même opérationnel. Les nouvelles générations de préhistoriens qui travaillent sur les grottes ornées ont pris acte de ce besoin. Les responsables des politiques de conservation commencent, semble-t-il, à en prendre acte.

N’a-t-on pas là le domaine de priorité où former des chercheurs, à la fois praticiens et théoriciens ?

On est sur des sites à tendance « Patrimoine de l’Humanité » !

Rédaction Y. Le Guillou

Préhistoire du Sud-Ouest

Musée du Pech Merle

46330 – CABRERETS

prehistoiredusudouest@gmail.com

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