Retour de conférence

Journée départementale de l'archéologie de la Dordogne organisée par le PIP, le CD 24, et le SRA Aquitaine, le 1 décembre 2024 aux Eyzies-de-Tayac.

Bravo à tous ces organisateurs pour une journée réussie, tant sur le fond et la qualité des interventions, que pour le cadre et l’accueil.

Et remerciements à Catherine Roudet qui est clairement apparue comme la cheville ouvrière de la journée.

À midi, un plateau repas offert a nourri les participants qui s’étaient inscrits à l’avance. Et la configuration des lieux a permis de nombreuses discussions à bâtons rompus.

Bravo pour le principe de la journée thématique. Il y avait environ 200 personnes, donc tout autant de passionnés. Le choix du thème « Les grottes ornées » n’y est pas pour rien.

La grotte ornée de Font de Gaume (24) : Nouvelles recherches

Conférence / présentation par Patrick PAILLET, Catherine FERRIER, Frédéric PLASSARD, Ina REICHE

I. Reiche, F. Plassard, C. Ferrier, et P. Paillet ne cachent pas leur plaisir de débattre.

Les intervenants font une présentation de leurs travaux, plus courte, et donc plus restreinte, mais tout aussi intéressante que celle que P. Paillet avait faite ce mois d’octobre au musée du Pech Merle.

Une bonne nouvelle pour l’équipe : dès l’an prochain, ils devraient pouvoir travailler dans le principal secteur de la grotte : la galerie ouverte au public, ce toutefois avec des plannings quotidiens très contraints.

En introduction, P. Paillet a donné lecture d’une note de G. Dandurand, qui, dans le droit fil des approches de L. Bruxelles, a travaillé sur les témoins de présences chiroptériennes. Tout comme cela avait déjà été noté dans plusieurs grottes ornées (la grotte du Pech Merle, la grotte du Portel, …) il conclut que l’érosion chiroptérienne a remodelé les surfaces, et que les artistes paléolithiques ont ainsi eu la possibilité de choisir ou pas d’utiliser ces surfaces lissées. Il n’est pas toujours très clair, dans ces sérieuses présentations des impacts des chauves-souris, de savoir si les impacts sont antérieurs ou postérieurs à la réalisation des œuvres pariétales ; pas plus que de maîtriser les conditions et le temps nécessaire à la production de ces biocorrosions.

Datations de calcites par la méthode de l’uranium/thorium

P. Paillet nous a présenté un projet de datation par l’U/Th en cours de validation par les instances administratives.

Il s’agit de la datation de deux couches de calcite qui, sur une stalactite, prennent « en sandwich » une couche d’hématite (de pigment rouge paléolithique).

C’est un peu une surprise. En effet :

 – Dans les Cantabres, une série de datations de ce type avait débouché sur l’affirmation : certaines peintures datent de la fin du Paléolithique moyen et sont donc l’œuvre de l’Homme de Néandertal (Science, 2012).

 –  Une pléiade de chercheurs reconnus (Randall White : « c’est peut-être la première fois que 44 chercheurs en art pariétal s’entendent sur quelque chose ») ont dû se mobiliser, et perdre du temps, pour tenter d’expliquer en quoi ces datations posaient problème.

 – Des datations similaires réalisées dans une grotte ornée du Lot on produit des dates tellement étonnantes (ponctuations rouges ayant au moins 75 000 ans ; couche de calcite plus ancienne sur une couche de calcite plus récente), qu’elles n’ont même pas été publiées.

Vu ces errances, presque systématiques, concernant les datations U/Th des coulées verticales de calcite :

 – Ne faut-il pas scientifiquement expliquer pourquoi ces tentatives de datation sont irrecevables ?

 – Ne faut-il pas constater qu’il y a une faiblesse scientifique dans la validation des échantillons soumis à datation ?

 – Ne faut-il pas disposer d’un protocole de prélèvement des échantillons, et surtout d’un protocole de validation des échantillons ?

En tout état de cause, si ces points très complexes n’ont pas été pris en compte en amont : les dates qui seront obtenues, qu’elles paraissent satisfaisantes ou aberrantes, doivent-elles être prises en compte ?

Ces observations ne remettent absolument pas en cause la méthode de datation U/Th. Elles remettent en cause la capacité de la recherche à valider les échantillons soumis à datation, c’est à dire, entre autres, à identifier, au cas par cas, les modalités de formation des films verticaux de calcite et donc leur compatibilité avec ce type d’analyse.

À une question du public, la réponse a semblé être à tendance : « vous inquiétez pas, on gère », ce qui est souvent la plus inquiétante des réponses.

Rédaction Y. Le Guillou

Préhistoire du Sud-Ouest

Musée du Pech Merle

46330 – CABRERETS

prehistoiredusudouest@gmail.com

Suivez-nous !

L’association « Préhistoire du Sud-Ouest » est entièrement indépendante de la Mairie de Cabrerets. Nous remercions la commune, ses élus, et la direction du centre du Pech Merle de leur soutien sans faille.