Samedi 17 août 2024 à 16h30
À la salle de l’Ouvroir – La Providence – 11 boulevard Jules Ferry à Brive-la-Gaillarde (19)
Conférence de Brigitte DELLUC
Brigitte Delluc est chercheure associée au CNRS. Avec Gilles Delluc, elle a passé des décennies à étudier des grottes ornées paléolithiques du Périgord.
Cette conférence s’inscrit dans le cadre d’une exposition en cours à Brive :
Roucadour et Puyjarrige – Un art pariétal de 30 000 ans.
Brigitte Delluc parlera de « L’art archaïque d’Aquitaine contemporain de Roucadour », c’est dire qu’elle présentera les plus anciens vestiges d’art pariétal et d’art sur blocs des sites aurignaciens et gravettiens du bassin de la Dordogne jusqu’aux confins de la Corrèze et du Lot.
B. Delluc : « La première partie de la conférence traitera des sites de la vallée de la Vézère : les abris-habitats aurignaciens, tels La Ferrassie, Blanchard et Castanet dans le vallon des Roches, Belcayre et Cellier ; les abris-habitats gravettiens tels Labattut, Pataud, Laugerie-Haute, Oreille d’Enfer, Le Poisson et Laussel, enfin les grottes de La Croze à Gontran et de La Grèze. La deuxième partie traitera des sites de la vallée de la Dronne : les grottes des Bernous et de Jovelle. La troisième partie présentera les sites de la vallée de la Dordogne : depuis la grotte de Pair-non-Pair en Gironde jusqu’aux grottes de Domme (La Martine, le Pigeonnier et le Mammouth), en passant par La Cavaille, Cussac et Le Roc de Vézac.«
Au travail dans la grotte ornée de La Martine à Domme (24)
L’espace géographique déterminé par B. Delluc a certaines cohérences. D’abord celui de l’axe de la Dordogne, sous réserve que les circulations se fassent en suivant les cours des rivières. Mais aussi celui des distances : 100 – 200 km : celles, d’un site à l’autre, d’une connaissance des gens qui les fréquentent et donc peut-être des œuvres pariétales qu’ils contiennent ; celles même peut-être de liens familiaux vécus.
L’espace de temps déterminé par B. Delluc est plus complexe. Il repose sur deux termes :
– Le terme « archaïque ». La connotation négative morale de ce terme n’est certainement pas dans l’esprit de B. Delluc. Depuis plus de 20 ans, depuis l’apparition de la grotte Chauvet et le quasi envoi aux oubliettes de la chronologie des styles de A. Leroi-Gourhan, l’approche chronologique de l’art pariétal paléolithique s’est simplifiée (a régressé ?) en deux ensembles. Deux ensembles qui sont revenus s’accrocher aux chronologies dites « culturelles » établies à partir des outils de pierre et d’os. D’un côté : l’art dit archaïque, rattaché à l’Aurignacien et au Gravettien. De l’autre : celui qui est plus récent, jusqu’à l’Azilien exclu.
– Le terme « contemporain » (de Roucadour en l’occurrence).
Ce « contemporain » est souvent utilisé en préhistoire sans que son sens soit précisé. Il y a là de forts risques d’incompréhension, voire d’erreurs de raisonnements. Le sens classique de contemporain impliquerait qu’il concerne un espace de temps relativement restreint, peut-être 2 siècles tout au plus ; un espace de temps qui soit compatible avec le vécu direct ou indirect d’un individu ou groupe d’individus.
Sans compter les incertitudes quant à la datation de l’art pariétal de Roucadour : Gravettien moyen ? ancien ? voire Aurignacien ?
Plus pour des raisons de manque de données que de facilité, de nombreux chercheurs en préhistoire ont tendance, dans l’analyse des données, à écraser le temps (et les générations).
Quitte à ce que, parfois, l’espace temporel étudié perde de la cohérence.
B. Delluc va présenter l’art de tous ces sites, et certainement esquisser des comparaisons.
Ces comparaisons sont non seulement bienvenues ; elles sont nécessaires. Elles sont un des outils clef de la recherche.
Mais il faut se méfier des analogies. Et surtout, en cas de comparaison apparemment probante entre 2 éléments, il faut soigneusement identifier les liens de causalité qui peuvent les relier.
Quel type de comparaison entre le mégacéros de Pair-non-Pair et ceux de Roucadour ?
Tourné vers la gauche, un mégacéros de Pair-Non-Pair (33)
Tourné vers la gauche, un mégacéros de Roucadour (46)
Quoiqu’il en soit, vu le nombre de sites dont B. Delluc prévoit de parler, vu l’intérêt de beaucoup d’entre eux et vu la richesse de certains d’entre eux :
en venant ce samedi 17 août à Brive, laissez beaucoup de place libre dans votre mémoire pour y enregistrer les images que vous verrez.
Rédaction Y. Le Guillou
L’association « Préhistoire du Sud-Ouest » est entièrement indépendante de la Mairie de Cabrerets. Nous remercions la commune, ses élus, et la direction du centre du Pech Merle de leur soutien sans faille.