Samedi 10 août 2024 à 16h30
À la salle de l’Ouvroir – La Providence – 11 boulevard Jules Ferry à Brive-la-Gaillarde (19)
Conférence de : Michel LORBLANCHET
M. Lorblanchet est directeur de recherche honoraire au CNRS
Michel Lorblanchet est aussi, avec Jean Clottes et Claude Lemaire, Président honoraire de Préhistoire du Sud-Ouest.
Michel Lorblanchet :
« Au terme d’une vie consacrée à l’étude des grottes ornées du Quercy et de sites d’art rupestre en Australie et en Inde je présenterai les méthodes que j’ai utilisées dans mes recherches et les constatations que j’ai faites qui me conduisent aujourd’hui à quelques propositions sur la signification des grottes ornées que j’ai étudiées. »
D’abord, M. Lorblanchet a travaillé sur les grottes ornées magdaléniennes du Quercy. Les grottes de Sainte-Eulalie et des Escabasses sont probablement celles qu’il a le plus intensément étudiées.
Il s’attachera ensuite aux grottes ornées lors de phases plus anciennes, centrées sur le Gravettien. Il étudiera ainsi ces deux sites majeurs que sont Cougnac et le Pech-Merle.
Sa dernière publication importante, qui concerne la grotte de Roucadour, est éditée par Préhistoire du Sud-Ouest.
Vu le titre de la conférence, nul doute que cette grotte sera abondamment mentionnée.
Les Escabasses et Sainte Eulalie
Le Pech-Merle et Cougnac
Puyjarrige et Roucadour
Avec un peu de recul : c’est une vraie « nouvelle garde » qui prend corps avec M. Lorblanchet à la fin des années 1960.
En termes de méthodes d’études, 2 éléments majeurs vont caractériser le travail de M. Lorblanchet, et se généraliser :
– L’expérimentation.
Elle s’est imposée, s’est rationalisée, s’est de plus en plus appuyée sur des domaines scientifiques connexes.
– Les relevés des dessins.
Dans leur essence ce ne sont ni ceux de H. Breuil, ni ceux de A. Glory, ni ceux de D. Vialou.
Le relevé pour le relevé est aujourd’hui souvent présent, entre autres parce qu’il s’est inscrit dans le « comment il faut faire », imposé par l’autorité administrative et par le regard des collègues.
Le relevé pour la médiation, la diffusion, la transmission, est souvent aujourd’hui une finalité non dite.
Mais le relevé en tant qu’outil de construction du savoir, tel que le pratiquait M. Lorblanchet, paraît aujourd’hui devenu annexe. Et l’apparition conquérante des restitutions numériques 3D a ouvert la voie du relevé réalisé par « l’intelligence artificielle ».
Travail de M. Lorblanchet sur la Frise Noire du Pech-Merle.
On est là bien avant les restitutions numériques 3D. M. Lorblanchet, qui n’a cesse, directement sur site, de lire en volume les œuvres paléolithiques, va tenter de les restituer aux tiers. Ici, on voit bien que toute l’émotion esthétique et la prise en compte des contraintes des volumes de la roche, que M. Lorblanchet a pu vouloir tenter de transmettre, se perdent dans des exigences de lecture trop techniques et complexes.
Au fond de la grotte des Bugadous, M. Lorblanchet réalise une copie des Chevaux Ponctués du Pech-Merle.
D’autres, avant M. Lorblanchet (M. Peyral pour Lascaux 2, …) ou après lui (G. Tosello pour Chauvet 2, …), vont tenter de reproduire des œuvres paléolithiques.
Mais les « copies » réalisées par M. Lorblanchet n’ont pas le même but ; et n’ont donc pas les mêmes richesses. Les siennes sont certainement moins « fac-similantes ». Mais elles n’ont qu’un but : comprendre : … le geste de l’auteur originel … l’émotion de l’auteur originel … les contraintes et les difficultés affrontées par l’auteur originel.
Ses expérimentations l’ont rapproché des artistes paléolithiques. Elles l’ont mis au contact de la paroi, presque « charnellement », à l’instar probable des artistes paléolithiques.
Dans son regard sur la « signification » de l’art pariétal, M. Lorblanchet est resté loin des dits structuralistes : avant-tout A. Leroi-Gourhan, mais aussi G. Sauvet.
Il a ainsi pu rester loin de schémas trop rigides, et donc d’interprétations rigoureuses certainement, mais peut-être trop aisées et parfois sclérosantes.
Avant même que J. Clottes ne publie, avec D. Lewis-Williams, son ouvrage de référence, M. Lorblanchet était revenu vers les interprétations chamanistes, peut-être vers des approches « totemistes ». Mais uniquement sous la forme d’observations ponctuelles, restreintes aux sites qu’il étudiait, sans entrouvrir la porte d’une généralisation. Et a-t-il totalement exclu cet ancien regard qu’est la « magie de la chasse » ?
Ce pas vers la généralisation qu’il n’a jamais franchi a éloigné M. Lorblanchet du statut de préhistorien référent.
Il ne s’est pas laissé entraîner dans les airs du temps avec leurs angles de regard, à la fois périphériques et essentiels, tels la recherche, dans les expressions artistiques, d’éléments relevant du « genre » ou de classes et hiérarchies sociales.
Alors : ce 10 août à Brive, si M. Lorblanchet évoque la « signification » de l’art pariétal, écoutons-le soigneusement parce que ses mots sont ceux d’un archéologue étroitement attaché au terrain.
Rédaction Y. Le Guillou
L’association « Préhistoire du Sud-Ouest » est entièrement indépendante de la Mairie de Cabrerets. Nous remercions la commune, ses élus, et la direction du centre du Pech Merle de leur soutien sans faille.