EXPOSITION – Préhistoire(s) du MAAP – De Laugerie-Basse au Regourdou

Au Musée d’Art et d’Archéologie, 22 Cours Tourny à Périgueux (24)

Du 28 juin 2024 au 3 mars 2025

L’exposition met en scène une sélection d’objets sortis des vitrines de l’exposition permanente du MAAP. Elle se focalise sur 4 sites périgourdins : l’abri Cro-Magnon aux Eyzies ; le gisement de Laugerie-Basse aux Eyzies ; l’abri Raymonden à Chancelade ; la grotte de Regourdou à Montignac-Lascaux. Elle rend hommage à leurs découvreurs ainsi qu’à ceux qui ont œuvré pour le dépôt des collections au musée de Périgueux.

Dans un musée qui par certains côtés présente une certaine désuétude, la présence de cette exposition temporaire révèle une volonté forte de dynamiser la Préhistoire du musée. Ce dynamisme mérite d’être signalé.

Pourtant l’exposition est décevante.

Alors : par quelles faiblesses l’exposition temporaire de préhistoire a-t-elle péché ?

L’exposition temporaire occupe toute une salle, contiguë à celle de l’exposition permanente de préhistoire. Ces deux salles sont indépendantes l’une de l’autre. Ainsi, le public commence par l’une ou l’autre, au hasard … gênant ? Quoiqu’il en soit l’espace alloué était suffisant. Et merci pour ces chaises sur lesquelles le public peut s’assoir quelques instants pour scruter attentivement les objets présentés.

Souvent le manque  d’argent est mis en avant quand le résultat n’est pas au rendez-vous. Soit.

L’agencement de la salle est réfléchi. L’aspect muséographique est travaillé. Occupation de l’espace, disposition des vitrines, aires de circulation du public, couleurs, révèlent une volonté et un aménagement réfléchi, avec les moyens disponibles ; et ce pouvait être suffisant.

Ici ce n’est pas le cas. Cet aspect positif ne perdure pas dès qu’on passe au niveau plus scénographique : celui du contenu des vitrines, et celui du discours.

L’interaction avec l’exposition permanente est absente alors que, pour 3 des 4 sites, la complémentarité est essentielle.

Aucun lien n’est établi entre les vitrines des 4 sites présentés, hormis le fait que les pièces archéologiques proviennent des collections du musée.

Et même la construction scénographique de chaque vitrine n’est pas évidente ; on a parfois l’impression d’un inventaire à la Prévert, parfois de pièces choisies au hasard.

Il y a tant à dire, tant de questions autour des sépultures de chacun de ces 4 sites ; elles ont tant participé au progrès mondial des savoirs qu’elles en ont acquis une place dans l’histoire. Et il en est de même pour ces objets en os, manufacturés, ornés, que possède le musée. Et la qualité artistique des œuvres n’est pas en reste.

Tant de passionnants parallèles, digressions, discours, et questions participatives auraient pu se construire autour de ces collections, et de ce qu’elles ont apporté. Peut-être seront-ils abordés dans les conférences proposées à l’automne.

Malgré ces faiblesses, venez voir la Préhistoire au MAAP. Le matériel archéologique présent dans les vitrines mérite à lui seul, non seulement la visite, mais même le détour par Périgueux. Et cela vaut autant pour l’exposition temporaire que pour l’exposition permanente.

Les 4 vitrines de sites de l’exposition temporaire

 Une vitrine de perspective historique

L’exposition temporaire se compose en fait de 5 vitrines. En plus des 4 vitrines de sites, une autre, plus grande, rappelle les débuts de l’histoire de la préhistoire en Périgord, et ses liens avec le MAAP. Ce complément est bienvenu et bien disposé dans la salle par rapport aux autres vitrines, permettant ainsi la lecture en introduction, en parallèle, ou en clôture. On y trouve des copies de courriers et quelques photographies.

Août 1896. Excursion et 1ère authentification des gravures de la grotte de La Mouthe (24) par la Société Historique et Archéologique du Périgord, accueillie par Émile Rivière. Sans ambiguïté : c’est une photo historique.  Pour lui donner un peu d’intérêt : on aurait pu relever la composante plutôt masculine de la docte assemblée, ou se demander pourquoi la tête de É. Rivière avait été rajoutée (anciennement collée) sur le cliché d’origine.

Le MAAP : un musée de préhistoire méconnu avec des collections sous-valorisées. Pourtant c’est un des tout premiers musées de préhistoire de France. Mais sa complexe mise en concurrence avec le Musée National de Préhistoire qui s’est installé aux Eyzies, à 40 km, en a fait un musée mineur.

D’évidence, ce Musée du Périgord manque, dans son ensemble, de cohérence et de fil conducteur. Le côté fourre-tout est trop flagrant. L’autre concurrence, celle avec le beau Musée « Vesunna » qui, à 1 km de distance, accapare l’archéologie de l’Antiquité, n’arrange rien.

Peut-il trouver sa place en se centrant sur la préhistoire paléolithique ? Peut-être. Mais ce ne serait qu’en imposant sa propre identité thématique.  Se poser en « annexe » du MNP des Eyzies, ou apporter un plus en se recentrant sur de denses expositions temporaires, thématiques, riches des savoirs du jour et des questions qui se posent.

Concernant la Préhistoire : les efforts muséographiques du MAAP ne sont pas adaptés aux collections dont dispose le musée.

Rédaction Y. Le Guillou.

Préhistoire du Sud-Ouest

Musée du Pech Merle

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