EXPOSITION – Préhistoire(s) du MAAP – De Laugerie-Basse au Regourdou

Au Musée d’Art et d’Archéologie, 22 Cours Tourny à Périgueux (24)

Du 28 juin 2024 au 3 mars 2025

Salle de l’exposition temporaire – Vitrine n° 4

La grotte du Regourdou à Montignac-Lascaux (24)

La vitrine de présentation de cette grotte dans la salle de l’exposition temporaire est révélatrice de l’absence d’articulation avec l’exposition permanente située dans la salle voisine où se trouve toute la matière intéressante. On se contente donc de l’exposition en vitrine de quelques ossements d’ours provenant du site. On est là très en périphérie de l’intérêt du site.

L’Homme du Regourdou

L’Homme du Regourdou. La photo de référence : ossements brisés, ossements repositionnés, ossements absents, gisement martyrisé.

Le site du Regourdou a livré la mandibule et le squelette post-crânien assez complet d’un jeune adulte néandertalien de sexe indéterminé, daté aux alentours de 90 000 ans. C’est l’un des squelettes néandertaliens les plus complets mis au jour dans notre Sud-Ouest. Les données de terrain orientent vers un dépôt primaire en décubitus dorsal.  Aucune connexion anatomique fiable n’a été identifiée. L’absence de la boîte crânienne mais aussi de fragments crâniens et de dents maxillaires pose question : a-t-elle été détruite involontairement lors des premières fouilles, a -t-elle été prélevée par les Moustériens comme celle de Kebara ou mobilisée par la faune (ours, lagomorphes), se trouve-t-elle encore dans le remplissage de la cavité ? L’hypothèse d’une utilisation symbolique des os d’ours brun par les Néandertaliens  à des fins cultuelles, est aujourd’hui abandonnée. En effet, l’étude des restes dentaires et osseux des ursidés montre que les femelles et leurs petits avaient utilisé la cavité comme tanière. Les interventions moustériennes sur les ours se sont donc vraisemblablement limitées à la récupération de fourrure et/ ou de la viande comme le suggèrent les stries observées sur certains os.

Pour voir l’Homme du Regourdou : aller dans la salle de l’exposition permanente : le squelette y est exposé et présenté.

Un second adulte néandertalien est connu seulement par un calcaneus (os du talon) droit trouvé dans une zone du site distincte de celle du squelette principal.

L’Homme de Regourdou

Panneau de la salle de l’exposition permanente.

La saga du Regourdou est géniale ?

Bien sûr : les petites histoires méritent d’être contées. Et elles le sont dans ce panneau de l’exposition. Elles donnent de la matière aux rêves et à l’imaginaire. Elles restent « soft ». L’image de Roger Constant y est édulcorée, remodelée. On y voit même écrit « l’ami des ours ».

Les anecdotes sont sélectionnées : celles que l’on peut écrire. Celles trop crues resteront dans le discours privé. Peut-être s’émanciperont-elles peu à peu des interdits et participeront-elles à la construction du mythe de la « saga du Regourdou ».

Pourquoi Roger Constant n’a-t-il « laissé personne indifférent » (A. Roussot) ?

Un gisement archéologique massacré ?

Des administrateurs de l’archéologie qui marchent sur des œufs ?

Pourquoi la législation n’a-t-elle pas été en situation de s’appliquer ?

Des ours yougoslaves enfermés dans une fosse de fouille en Dordogne ?

Un « brave citoyen des campagnes » martyrisé par le pouvoir administratif ? … Et presque vainqueur.

Jusqu’à en rire en apprenant que la veille de la venue du Président de la République à 200 m du Regourdou, pour l’anniversaire de la découverte de Lascaux, branle-bas de combat : les ours de « Constant » se seraient échappés.

La place des « Roger Constant » dans les imaginaires collectifs

Pourquoi aurait-on besoin d’eux ?

Comment se construisent les interdits et les non-dits qui affectent toutes les parties prenantes ?

Pourquoi la parole n’est-elle pas (encore ?) décontrainte ?

La « saga du Regourdou » est un brassage d’émotions vers un petit dénominateur commun qui permet une réécriture soft de l’histoire.

Rédaction Y. Le Guillou. Les données anthropologiques ont été synthétisées par M. Escolà sur la base des écrits de B. Maureille (2015).

Préhistoire du Sud-Ouest

Musée du Pech Merle

46330 – CABRERETS

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