Retour d'excursion

Journée de découverte organisée par A. Morala pour les adhérents de PSO le 11 mai 2024 en Haut-Agenais.

Sites préhistoriques du Haut-Agenais

Les sites sont rappelés ici dans l’ordre où nous y avons accédé, du moins la plupart d’entre nous car nous avons perdu quelques sociétaires dans le dédale d’étroites routes goudronnées qui permet d’accéder au site de Fournol.

1 – Las Pélénos

2 – Sous-les-Vignes

3 – Abri du Moulin du Milieu

4 – Abri Peyrony

5 – Roc de Gavaudun

6 – La Borie del Rey

7 – Le Martinet

8 – Fournol

Las Pélénos à Monsempron-Libos

Présentation du site par Alain QUINTARD

Le site est découvert dans la 2nde moitié du 19ème siècle. Comme pour d’autres sites, une exploitation de carrière de pierre en pleine roche a détouré des poches sédimentaires qui n’intéressaient pas l’exploitant, mais qui par contre intéressent l’archéologie. D’abord exploité par J.-L. Combes pour sa faune quaternaire, le site a été ensuite fouillé par L. Coulonges qui en 1950 y découvre les restes d’hommes de Néandertal. Dans les années 1970 à 1990, A. Quintard reprend les fouilles précisant la stratigraphie du début du Paléolithique supérieur (Aurignacien, Gravettien). Il caractérise le niveau moustérien, remanié dans sa structure, mais peu déplacé, probablement mis en place par de légers colluvionnements, des effondrements internes, et certainement des bioturbations causées par l’action des paléo-blaireaux. Il dégage de nouveaux fragments de crânes néandertaliens.

L’Homme a choisi d’occuper ce site au Moustérien avancé, à l’Aurignacien récent, et au Gravettien moyen.

Pourquoi ce choix ?

Pourquoi uniquement lors de ces époques là ?

Ce choix relève-t-il uniquement de simples contraintes environnementales ?

Ce choix est-il aussi le fruit de convergences culturelles qui, par moments de leur histoire, ont affecté certains groupes humains, incluant  les Néandertaliens ?

Site en péril ?

Le site de Las Pélénos il y a quelques années, déjà très vulnérable avant même l’enfouissement sous la végétation qui l’affecte aujourd’hui. Noter qu’il y a de grandes inquiétudes quant à l’avenir du gisement situé en zone urbanisée. Evidents risques à court terme d’affaissement et de glissements des couches archéologiques encore en place. Montage photographique A. Quintard.

Sous les Vignes à Monsempron-Libos

Présentation du site par Alain QUINTARD et André MORALA

Situé quelques mètres en contrebas de Las Pélénos, ce site peu connu est aujourd’hui un petit parking goudronné. Rien à voir donc. Mais nous avons fait une pause pour écouter les présentateurs, seuls connaisseurs du site.

Des travaux de terrassement réalisés malgré des injonctions avaient détruit au moins 200 m2 de gisement, et peut-être bien plus.

Quelques mètres carrés ont pu être fouillés en sauvetage par A. Quintard qui a surtout dû se contenter de tamiser des déblais des travaux de terrassement.

Quelques lignes mentionnent ce site dans un mémoire universitaire de A. Morala. Une « couche à ossements de bisons » et une production lithique de type Quina ont été identifiés, associés à des dates qui seraient autour de 54 000 ans.

Peut-être un site moustérien de chasse ou d’exploitation de produit de chasse, dédié au bison.

Histoire triste pour un site qui aurait pu être intéressant. Mais qui sait : d’éventuels niveaux en place sont peut-être scellés sous le goudron du parking, ou à sa proximité immédiate.

« Sous les Vignes » est ici sous les pieds des sociétaires de Préhistoire du Sud-Ouest.

L'abri du Moulin du Milieu à Gavaudun

Présentation du site par André MORALA

Accueillis par le propriétaire, nous avons longé le bâti de l’ancien moulin. Puis nous avons remonté un petit chemin débroussaillé pour l’occasion par le propriétaire.

Le sol de ce porche, ouvert plein Est, a été rabaissé parfois de près de 2 mètres par les séries de fouilles successives qui l’ont affecté depuis le 19ème siècle.

Les travaux les plus récents (A. Turq et A. Morala) ont révélé des présences plus ou moins continues tout au long du Moustérien, mais à l’exclusion des phases climatiques tempérées.

Des restes humains néandertaliens y ont été trouvés, associés à un outillage moustérien de type Quina.

Une fois encore : tous à l’écoute d’André, sous ce grand porche, utilisé aujourd’hui comme entrepôt par le propriétaire ; mais en aucun cas à l’abandon.

L'abri Peyrony à Gavaudun

Présentation du site par André MORALA

Nous n’avons pas accédé à ce site, situé entre le Moulin du Milieu et le Roc de Gavaudun. Il aurait fallu pour cela dégager la voie d’accès, envahie depuis des décennies par la végétation. Mais la présentation nous en a été faite depuis le bord de la route, de l’autre côté de la rivière. Et chacun d’entre nous a pu à peu près en imaginer la localisation, sur le coteau très pentu, au milieu des bois.

Les fouilles successives de A. Vergne, J.-M. Le Tensorer, et A. Morala y ont révélé des occupations aurignaciennes et gravettiennes.

Le Roc de Gavaudun

Présentation du site par André MORALA

Situé en bord de route, c’est un site où il n’y a rien à voir. Et c’est normal : cet éboulis de pied de falaise, assez disloquée, est envahi par la végétation. Mais merci de nous avoir amené jusque là car la localisation précise du site et l’aperçu de son environnement immédiat présentent en soi un intérêt.

C’est une occupation gravettienne, qui a fourni un matériel suffisamment dense et varié pour penser qu’il ne s’agit pas d’une simple halte de chasse ou autre. La collection, issue des fouilles d’E. Monméjean au cours des années 1930, reste privée. Elle est soigneusement conservée par la famille.

La Borie del Rey à Blanquefort-sur-Briolance

C'est le site éponyme du Laborien

Présentation du site par Mathieu LANGLAIS et Jean-Baptiste MALLYE

Quelques centaines de mètres de marche aisée nous ont menés du cœur même du petit village de Blanquefort-sur-Briolance jusqu’à ce gisement qui fut exploré dans les années 1950 par L. Coulonges. Il y découvrit une occupation mésolithique surmontant des niveaux épipaléolithiques contenant des équipements en silex inédits. Il leur attribuera le nom de Laborien. Les fouilles en cours, reprises depuis 2019 par M. Langlais et J.-B. Mallye, ont, entre autres, pour objectif de donner à ce Laborien la crédibilité et la reconnaissance qui lui manquent.

Dense et riche accueil  de M. Langlais et J.-B. Mallye, assistés de plusieurs adjoints ou petites mains, soit ici sur la fouille, soit une vingtaine de mètres en contrebas, en poste au tamisage des sédiments, en bordure de ruisseau. Merci à eux tous d’avoir accepté que nous perturbions un peu leurs travaux.

M. Langlais, directeur réglementaire de la fouille, est un  chercheur de qualité, reconnu comme tel avec raison, et au fait des méthodes de fouille en vigueur.

La présentation du site et des travaux en cours a permis de revisiter superficiellement l’évolution de ce type de recherche sur les 50 dernières années.

En termes d’outils, un tachéomètre à remplacé les grilles de carroyage et la lunette de chantier. Couplé à la photographie numérique (photogrammétrique ?), ils ont remplacé le dessin.

C’est un plus certain sous certains aspects. Mais la disparition du relevé sur site et de l’impérative étroite observation humaine qui lui est associée est-elle vraiment un plus ?

Pour le reste  rien n’a apparemment changé. Ni la position des fouilleurs, ni probablement la marque des seaux.

L’évolution la plus notable est peut-être ailleurs :

En deçà de l’objectif scientifique, l’objectif méthodologique mériterait une réflexion de fond.

L’objet n’est plus de regarder et interpréter le site sur place. L’objet est clairement de collecter des données destinées à être étudiées en laboratoire, malaxées dans et par des ordinateurs.

Sur les marges, il peut s’agir aussi d’une influence (pernicieuse ?) de l’archéologie préventive, dans laquelle, structurellement, l’objectif formel n’est pas la recherche mais l’archivage conservatoire de données.

Mais on est peut-être en présence d’une (nécessaire ?) évolution structurelle ; de la maturation méthodologique d’une science qui jusque-là cherchait ses marques.

J.-B. Mallye, chapeaute son équipe. On note la présence du tachéomètre/roi, dont toute panne entraîne la quasi-interruption d’un chantier.

Un peu de science-fiction : dans combien de temps ces fouilleurs seront-ils remplacés par un « scanner-gratouille-balayette » qui fouillera, dessinera, cotera, classera en termes de nature et de forme, tous les éléments présents. Enfin … uniquement ce qu’on lui aura appris à analyser.

L'abri du Martinet à Sauveterre-sur-Lémance

C'est le site éponyme du Sauveterrien

Présentation du site par Luc DETRAIN

L’abri du Martinet est contigu à un promontoire rocheux situé en fond de vallée. Il a livré à L. Coulonges, qui l’a fouillé à partir de 1924, une couche à outillages microlithiques. C’est là qu’il a caractérisé une nouvelle industrie à éléments géométriques pygmées (pointes de Sauveterre, triangles du Martinet,…) qu’il nommera le Sauveterrien et dont le Martinet deviendra le site de référence.

Luc Detrain, fin connaisseur de l’histoire du site, nous a fait une révélation surprenante pour ceux qui parmi nous l’ignoraient :

Ce faciès culturel préhistorique qu’est le Sauveterrien avait été identifié et caractérisé à partir d’un tas de déblais homogènes sans réaliser qu’il s’agissait de déblais.

En effet, le site avait été remanié il y a quelques siècles lors de l’aménagement d’une forge à martinet.

L. Coulonges l’ignorait. A-t-il eu un coup de chance ?

La structure de protection des couches et coupes d’intérêt archéologique. Cet aménagement protège en fait des couches remaniées, sauf à l’extrémité nord, au pied même de la falaise, où des niveaux magdaléniens en place sont conservés.

Fournol

Présentation du site par André MORALA

Une petite marche à flanc de coteau, puis une grimpette bien pentue, sécurisée par une corde et des accompagnateurs (Guy et Léo Morala) bénévolement réquisitionnés par A. Morala, permettent d’accéder à un pied de petite falaise orienté plein sud et dominant d’au moins 100 m un petit vallon.

Le plus étrange peut-être est la petite histoire de ce site, découvert, oublié, retrouvé, tantôt fouillé, tantôt farfouillé, et même fruit de tentatives de vente du matériel prélevé.

Et pourtant : c’est ici, dans ce petit abri anodin et peu attrayant, que vient d’avoir lieu l’identification génétique de cette branche d’Homo Sapiens dont nous, européens de souche de nos régions, sommes tous les descendants.

Les recherches, menées par A. Morala dans les années 1970 puis de 2015 à 2018, lui ont permis de retracer une occupation allant de l’Aurignacien au Gravettien puis au Solutréen. Le Gravettien a livré des ossements humains d’une dizaine d’individus portant des traces de découpe intentionnelle des corps.

Quelques « Homo Fournolensis » de retour sur la terre de certains de leurs ancêtres : des élèves studieux tentent de mémoriser l’intense présentation qui leur est faite.

Rédaction Y. Le Guillou

Préhistoire du Sud-Ouest

Musée du Pech Merle

46330 – CABRERETS

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