ADN humain des populations anciennes

L'étude enfin possible

Cette conférence donnée par Éric CRUBÉZY a eu lieu le 14 juin 2024 au Museum d’Histoire Naturelle de Toulouse (31).

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Une conférence de pointe en matière de contenu scientifique.

Mais une conférence qui invite à discourir de la méthode.

L’absence de projections d’illustrations, ce qui était le cas, est surprenante aujourd’hui.

Jusqu’à l’arrivée des diapositives, les conférenciers captaient l’assistance par un discours de professeur professant et/ou d’animateur radio.

Une exigence pour le conférencier, celle d’être un professionnel : maîtriser le bagou de l’animateur ou le discours professoral.

Une exigence pour le public, celle d’être sans cesse à l’écoute tendue.

Nous avions peut-être un peu oublié ces conférences, tant les illustrations, de plus en plus variées et abondantes, guident pensée et regard du public, et assistent le conférencier dans la maîtrise de son discours.

Au point que parfois, aujourd’hui, le discours n’est plus qu’un complément annexe de l’image projetée, voire parfois presque inutile lorsqu’un conférencier ne fait que lire ce qu’il projette par écrit.

Alors : le « One man talk » appliqué par É. Crubézy avait, vis à vis du public, un côté « challenge ».

 

Cette conférence exigeait un public déjà bien averti, ayant par exemple connaissance de termes comme mitochondrie, épigénétique, protéomique.

Pourtant l’exposé était clair, bien que parfois un peu long sur certains points. Le public avait parfois du mal à s’accrocher au discours, et parfois perdait un peu pied. Mais au final il était satisfait.

Quelques points novateurs qu’on a tenté d’entrevoir rapidement au travers du discours d’É. Crubézy :

  • L’utilisation de l’ADN pour établir des chronologies absolues. Il s’agit de chronologies générationnelles, pouvant proposer un nombre approximatif de générations séparant deux individus d’une unique filiation. Elles sont proposées sur un temps court (chronologie familiale, …) ou sur un temps long (chronologie de l’évolution des apparences physiques, …).
  • Des propositions sur de dites migrations humaines, tant paléolithiques que néolithiques, identifiées à partir d’analyses génétiques, et qui toutefois entretiennent un peu trop les confusions entre conquête culturelle, vague migratoire, et diffusion génétique.
  • Une nouvelle approche de l’état de santé des individus par l’étude génomique des virus à ADN et des bactéries qui sont associés aux os.

Et puis on a pu noter ces deux voies de la recherche nouvelle qui, dans deux champs différents, apparaissent porteuses mais encore balbutiantes  :

  • L’épigénétique qui, au-delà de l’apparence du sujet étudié, permettra peut-être d’aller vers une connaissance de son vécu et de son environnement.
  • La protéomique qui, en travaillant sur des éléments moins exigeants en termes de conservation, devrait permettre de trouver des informations sur des temps nettement plus anciens que ce que permet l’étude de l’ADN.

20 années de paléogénétique paraissent nous avoir amenés à l’incontournable croisée de deux incertitudes :

   – celle du généticien qui produit des « vérités scientifiques » alors qu’il applique les schémas théoriques du moment ;

   – celle de l’archéologue qui tente au mieux d’identifier et de sérier des dits « faits archéologiques ».

Le second paraît cantonné au rôle de fournisseur de matière brute (les os à analyser), comme accroché à un train qu’il ne guide plus. Même les questionnements, seuls véritables fondateurs de toute recherche, semblent avoir été capitalisés par les généticiens.

On sait que le passage d’une donnée génomique à son interprétation archéologique est un algorithme complexe. Actuellement, l’articulation entre données archéologiques et théories génétiques appliquées semble présenter quelques faiblesses.

On sait aussi, qu’en génétique, les chercheurs, les différentes « écoles », ont des désaccords entre eux.

L’histoire de ces 20 dernières années de paléogénétique est parsemée de vérités déclamées, rapidement oubliées pour de nouvelles, parfois presque opposées.

Sur ces points, moins d’affirmations, et plus de questionnements seraient certainement recevables ; et permettraient peut-être aux archéologues de reprendre la main.

Préhistoire du Sud-Ouest

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